Ste Jeanne d’Arc (+1431)

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juana de arco

Fille d’humbles paysans de Lorraine, elle entendit des voix mystérieuses alors qu’elle n’avait que 13 ans. Saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite pendant trois ans lui demandèrent de libérer la France et de faire sacrer le roi à Reims. A Chinon, premier prodige, le roi donne une armée à cette bergère de 16 ans, ignorante des lois de la guerre. En huit jours, au début du mois de mai, elle délivre Orléans assiégée depuis sept mois.

En juillet, Charles VII est sacré roi à Reims. Après les réussites faciles, vint le temps des épreuves. Le roi abandonne Jeanne ; un an après Orléans, elle est faite prisonnière, livrée aux Anglais, passe un an en prison, courageuse, héroïque dans sa pureté devant les tentatives des soldats. Sous prétexte qu’elle s’habille en homme, elle est condamnée comme hérétique. Seule lui reste la foi, pas même la communion qui lui est refusée. Elle meurt brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431.

Mes voix me disent :

« Prends tout en gré, ne te chaille de ton martyre, tu t’en viendras enfin au Royaume de Paradis. » Cela, mes voix me le disent simplement et absolument. C’est à savoir sans faillir. J’appelle cela martyre pour la peine et adversité que je souffre en prison et ne sais si j’en souffrirai de plus grande. Mais je m’en rapporte du tout à Notre Seigneur".

(Sainte Jeanne, durant son procès)

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Bon Anniversaire, Jehanne : tu es née à Domremy il y a 600 ans, le 6 janvier, dit-on.

 

 

Jehanne, brûlée vive à 19 ans après un procès cruel et injuste, tu es toujours vivanteaux yeux de beaucoup. Tu as beaucoup de choses à nous dire !

 

Tu es des nôtres, de ce village au bord de la Meuse, dans ce qui est aujourd’hui le département des Vosges et le diocèse de Saint-Dié.

 

Nous te connaissons bien, parce qu’au terme de l’aventure que tu as vécue, il y eut un fameux procès à Rouen dont on a gardé toutes les paroles échangées, les nombreuses réponses que tu fis à tes juges. Réponses pleines de bon sens, d’audace et de foi, réponses qui pouvaient même étonner les savants théologiens qui voulaient à tout prix te condamner.

Nous savons ainsi que tu étais une fille ordinaire, née dans une famille simple, chrétienne. Tu connaissais l’essentiel de la foi, ce que ta mère t’avait appris : le Symbole des Apôtres, le Notre-Père et le Je-vous-salue-Marie.

Tu étais vraiment une jeune de ton temps, comme beaucoup d’autres jeunes. Pas de SMS ou de réseaux sociaux. Tu aimais aller aux champs, mais aussi rencontrer les jeunes du village pour jouer avec eux.

 

De l’écoute à l’engagement total

visuel_jeanne_d_arc_2012Ta vie est étonnante pour nous, voire déstabilisante pour certains. Tu aimais prier à l’église ou dans une chapelle voisine, à Bermont. Car tu avais appris à prier, simplement. Et tu savais écouter. Aujourd’hui, il y a presque toujours du bruit autour de nous : ce n’est pas facile de se mettre à l’écoute pour prier. Quand on essaie, c’est « comme si on se vidait », dirait-on parfois. Et c’est étonnant ce qu’on découvre alors !

 

Un jour, tu as compris que tu aurais une mission particulière à accomplir. À travers la « voix » de l’archange St Michel, tu t’es sentie appelée à intensifier ta vie chrétienne et à t’engager pour la libération de ton peuple. Au début, cette parole du Seigneur t’a plutôt fait peur. Mais peu à peu, tu avais appris à écouter Dieu et ainsi cela te mettait dans la paix, et tu voyais mieux ce que tu avais à faire. Tu écoutais une « voix » de Dieu qui t’aidait à te gouverner, comme tu le disais.

Appelée par Dieu dès l’âge de 13 ans, tu as donc mûri ta vocation pendant 4 ans, secrètement, sans pouvoir en parler à tes parents ou à tes amis : tu menais donc la vie de tout le monde.

Et puis un beau jour, le moment est venu de partir. Tu t’es décidée à vivre l’engagement qui t’était demandé : partir pour redonner courage au Dauphin appelé à devenir roi de France. Car ce dernier avait peur des Anglais qui occupaient la France et tenaient sous leur influence nombre de princes et de gens d’Église. Toi qui ne connaissais pas grand chose à la politique, tu avais compris l’injustice de cette occupation étrangère dont les pauvres gens étaient les premières victimes, dans l’insécurité d’un conflit qui n’en finissait pas.

Tu exprimais une liberté étonnante, y compris envers tes parents : tu aurais voulu leur éviter la peine de te voir partir, mais tu devais suivre ta voie « même si tu avais eu 100 pères et 100 mères ». Tu devais redonner fierté à des gens battus d’avance, soumis, et qui ne croyaient plus à leur dignité.

 

L’amour, envers et contre tout

Tu manifestais une autorité vraiment étonnante aux yeux de tous. Il est vrai que tu étais prête à tout donner s’il le fallait. Bien sûr : tout cela a beaucoup étonné : tu as été exposée aux rumeurs, aux calomnies, aux moqueries. On cherchait déjà à te récupérer ou à te discréditer.

 

À 17 ans, tu te lançais sur des chemins improbables, et tu donnais de quoi espérer à des gens qui n’y croyaient plus. Tu te montrais forte, à 17 ans, capable de convaincre des hommes incertains et découragés. À 17 ans, tu prenais le commandement parmi les militaires chevronnés, et tu vivais ton engagement dans la droiture parmi des soldats qui ne respectaient pas toujours les jeunes filles ! Tu les évangélisais par ta bonté, ton courage et ton extraordinaire pureté. À vrai dire, tu continuais d’écouter ce que Dieu pouvait de dire. Car tu continuais de prier régulièrement, de communier et de te confesser aussi : et tout cela t’apportait une force étonnante même au milieu des doutes et des difficultés, quand tu auras été prise par tes ennemis.

Ainsi tu conduisis les troupes jusqu’à délivrer Orléans assiégée (8 mai 1429) et au sacre du Dauphin à Reims (17 juillet 1429). Puis les choses ont plutôt mal tourné, même le nouveau roi semblait avoir autre chose à faire et voulait encore transiger avec l’ennemi : tu as été un peu une monnaie d’échange ! Capturée (23 mai 1430), tu es emmenée de ville en ville, emprisonnée, « jugée » si l’on peut dire par des gens qui cherchaient des prétextes pour te faire mourir. Mais tu savais aussi que quoi qu’il advienne, Dieu ne t’oublierait pas. Tu t’en remettais à Lui, car « tu L’aimais de tout ton coeur », disais-tu. Tu continuais de lui faire confiance.

Malgré l’acharnement de ceux qui voulaient ta condamnation, tu as pu communier avant le sacrifice et, sur le bûcher, tenir entre tes mains la croix du Christ Jésus, dont le nom fut ton dernier cri (30 mai 1431). Jésus allait t’accueillir en sa paix.

Tu nous laisses ainsi le témoignage d’un amour total pour Jésus et pour ton prochain en Jésus. Tu contribuais à une oeuvre de justice humaine en libérant ton peuple et tu accomplissais cette oeuvre dans la charité, par amour de Jésus.

 

Et maintenant ?

Ensuite, tu as eu une longue histoire posthume. Le roi voulut se racheter et te faire réhabiliter… Ce fut le second procès d’Église, où le 7 juillet 1456, plus de 120 témoins ont permis que soit déclarée nulle ta condamnation de 1431. Les gens d’Orléans te sont restés fidèles et tous les ans célèbrent l’anniversaire de leur délivrance. À travers l’histoire, certains ont répandu l’idée que tu n’aurais pas été brûlée sur le bûcher de Rouen et ont raconté et publié maintes fables. Des historiens athées ont aidé à te redécouvrir. Tu es devenue l’héroïne d’un nouveau patriotisme.

 

Enfin, l’Église a souhaité faire de toi une « sainte », non pas d’abord en vertu de ton attitude héroïque, mais à cause de ta fidélité au Christ et même à l’Église, cette Église dont quelques prélats allaient te condamner : on imagine ton déchirement quand tu disais aux hommes d’Église qui te jugeaient: « Le Christ et l’Église, c’est tout un » ! Merci, Jehanne, pour ton témoignage.

 

Jehanne, tu es toujours vivante pour nous. Inspire aux jeunes d’aujourd’hui la foi en eux-mêmes, la conscience qu’ils vivent sous le regard de Dieu. Aide-les à prêter l’oreille à ce que Dieu peut leur dire, qu’ils sont uniques à ses yeux. Aide chacun d’eux à percevoir la mission qui est la sienne, l’engagement qu’il est appelé à entreprendre, avec la certitude qu’ils ne seront pas seuls pour l’accomplir. Fais-leur comprendre que l’Église elle-même, si elle a ses faiblesses, ses infidélités, est finalement à leurs côtés, et qu’ils peuvent et doivent y faire entendre leur voix, avec l’assurance que l’Esprit est présent auprès de chacun de ses fidèles.

 

+ Jean-Paul Mathieu,Evêque de Saint-Dié

Epinal, le 06 décembre 2011

 

source: eglise.catholique.fr