Synode 2018: présenter la «voie du bonheur» de façon «attirante», par le card. Baldisseri

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baldisseri al seminario di pastorale vocazionale

Présenter aux jeunes la « voie du bonheur » proposée par l’Evangile de façon « attirante », « fascinante » : une tâche indiquée par le cardinal Baldisseri.

Le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode des évêques, est intervenu à un congrès sur la pastorale des vocations et la vie consacrée, organisé par le dicastère romain pour la vie consacrée et intitulé « Pastorale des vocations et vie consacrée. Horizons et espérances. “Venez et voyez” » (Jn 1, 39). Le congrès, étape de préparation au synode 2018, a été organisé à Rome du 1er au 3 décembre 2017, à l’Athénée pontifical Regina Apostolorum 

A cette occasion, le pape François avait adressé un important discours aux participants.

 

Discours du card. Baldisseri

Introduction

Je suis particulièrement heureux d’être ici aujourd’hui pour participer aux travaux du Congrès de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, sur le thème : « Pastorale des vocations et vie consacrée. Horizons et espérances ».

Je salue fraternellement Son Éminence, le cardinal João Braz de Aviz, préfet de cette Congrégation qui, par l’intermédiaire de l’archevêque secrétaire, Son Excellence José Rodriguez Carballo O.F.M., m’a gentiment invité à donner cette intervention.

Je remercie aussi Son Éminence pour la collaboration qu’elle apporte au chemin synodal que nous avons entrepris, en participant à différentes rencontres préparatoires.

Il est significatif et intéressant que le thème du Congrès soit en rapport avec le prochain Synode sur les jeunes, qui se déroulera en octobre 2018 et je suis donc reconnaissant, en qualité de secrétaire général du Synode des évêques, de pouvoir partager quelques réflexions à ce sujet.

1) Le parcours synodal

Le synode qui se tiendra du 3 au 28 octobre 2018, comme nous le savons, a initié son chemin en octobre de l’année dernière, quand le Saint-Père en a annoncé le thème : Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. Dans le choix qu’il a effectué, se manifeste l’affection particulière que nourrit le pape François pour les jeunes. Il l’exprime ouvertement dans sa Lettre qui leur est directement adressée et publiée en même temps que le Document préparatoire, où il affirme : « J’ai voulu que vous soyez au centre de l’attention parce que je vous porte dans mon cœur » (13 janvier 2017).

Cette attention aux jeunes correspond au désir de toute l’Église. En effet, en choisissant le thème, le pape a intégré les résultats d’une longue consultation structurée dans laquelle ont été avant tout impliqués les membres des derniières Assises synodales sur la famille, puis les Conférences épiscopales, les Synodes des Églises orientales, les Dicastères de la Curie romaine et l’Union des Supérieurs généraux. Les indications provenant de cette consultation ont été attentivement évaluées au Conseil du Secrétariat du Synode. Enfin, ont été aussi consultés les cardinaux au Consistoire qui s’est tenu en juin 2017 et après avoir entendu l’avis de nombreux autres, le Saint-Père a décidé de choisir le thème : « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ».

Après cela, le Secrétariat général a initié la préparation de l’événement synodal en demandant la collaboration des organismes de la Curie romaine les plus intéressés par le thème, qui sont les suivants :

  • le dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie ;
  • la Congrégation pour le Clergé ;
  • la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique ;
  • la Congrégation pour l’Éducation catholique (des Instituts d’Études) ;
  • la section “Migrants” du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral ;
  • il Conseil pontifical pour la Culture ;
  • la Congrégation pour les Causes des Saints ;

Le premier pas du chemin entrepris a été la rédaction du Document préparatoire, avec la collaboration d’experts. Une fois approuvé par le Conseil ordinaire du Secrétariat du Synode (présidé par le Saint-Père), il a été rendu public le 13 janvier de cette année, avec la Lettre du Saint-Père adressée aux jeunes. C’est ainsi qu’a commencé la phase de la consultation qui s’est déroulée à large spectre, impliquant les ayant droit et le monde des jeunes.

Dans le premier chapitre du Document, on souligne les « dynamiques sociales et culturelles du monde dans lequel les jeunes grandissent et prennent leurs décisions, pour en proposer une lecture de foi » (Document préparatoire, Introduction).

Le second chapitre, centré sur Foi – Discernement – Vocation, centre l’attention sur les « passages fondamentaux du processus de discernement qui est l’instrument principal que l’Église souhaite offrir aux jeunes pour qu’ils découvrent leur vocation à la lumière de la foi » (Document préparatoire, Introduction).

Le troisième chapitre porte le titre : L’action pastorale. On y aborde les articulations fondamentales d’une pastorale vocationnelle des jeunes » (Document préparatoire, Introduction), en soulignant les sujets, les lieux et les instruments de l’action pastorale.

À la fin du Document, on propose un Questionnaire adressé aux Conférences épiscopales et aux autres organismes ayant droit. Les réponses aux questions continuent d’arriver, y compris après la date limite indiquée, du 31 octobre. L’Union des Supérieurs généraux a été parmi les premiers organismes à répondre.

Sur la base des réponses arrivées, et avec aussi l’apport d’autre matériaux dont je parlerai plus tard, le Secrétariat du Synode travaillera pour élaborer – sans doute au cours de la première moitié de 2018 – l’Instrumentum laboris (l’Instrument de travail) qui sera proposé aux Pères synodaux comme base de la discussion et de la confrontation qui se tiendra dans l’Assemblée générale du Synode en octobre 2018.

Il peut être utile de clarifier deux éléments, reliés entre eux, qui ont fait l’objet de questions qui m’ont été fréquemment adressées pendant tout ce temps. Premièrement, à quels jeunes le Synode veut-il s’adresser et deuxièmement, qu’entend-on par discernement vocationnel, de quelle vocation parle-t-on ?

À la première question, je réponds que le Synode s’adresse à tous les jeunes du monde, sans exclure personne, dont l’âge est compris entre 16 et 29 ans. Pas seulement aux jeunes catholiques ou chrétiens, mais aussi à ceux qui professent d’autre croyances ou confessions religieuses et aux non-croyants. La portée est donc de grande envergure, tout en ayant conscience des spécificité qui caractérisent les jeunes dans les diverses zones géographiques de la terre et des différences qui dérivent de leur croyance religieuse. Franchement, si nous ne nous adressions pas à tous les jeunes du monde, nous perdrions une occasion favorable, unique, pour faire parvenir le message chrétien qui part des valeurs humaines communes à tous et ainsi à donner un élan à la pastorale des jeunes de l’Église qui inclut la pastorale en vue du sacerdoce et de la vie consacrée, ou en vue de répondre aux exigences de la société.

Trois mots peuvent synthétiser l’attitude que nous voulons avoir dans ce travail avec les jeunes : écoute, implication et « protagonistes ». Nous voulons que les jeunes ne soient pas considérés comme des « objets » de l’attention du monde des adultes, mais comme des « sujets », capables de donner un sens accompli à leur vie et de collaborer avec d’autres pour construire un monde meilleur et une Église toujours plus ouverte et capable de créer des ponts dans la relation entre Dieu et chaque personne. Le terme de « vocation » doit donc être compris dans un sens large, à partir de la vocation à la vie et à l’amour qui est commune à tous les hommes. Mais, à juste titre, comme l’affirme l’introduction du Document préparatoire, « la vocation à l’amour assume pour chacun une forme concrète dans la vie quotidienne à travers une série de choix, qui articulent l’état de vie (mariage, ministère ordonné, vie consacrée, etc.), profession, modalité de l’engagement social et politique, style de vie, gestion du temps et de l’argent, etc.) » Le Synode veut donc fournir une aide aux jeunes du monde entier afin qu’ils puissent effectuer de manière libre, consciente et responsable les choix fondamentaux de la vie, ceux qui qualifient le « projet de vie » de chaque personne, qui se forme et mûrit justement pendant la jeunesse.

Dans ce contexte, le discernement vocationnel ordonné à l’appel à la vie sacerdotale et à la vie consacrée revêt une importance particulière. Le Seigneur appelle les jeunes d’aujourd’hui, comme ceux d’hier, à le suivre sur la voie de la pleine et totale donation à lui, au service des frères et des sœurs, pour l’Église et la société. Et peut-être découvrirons-nous qu’ils sont beaucoup plus nombreux que ce que nous pouvons imaginer ou de ceux qui décideront ensuite effectivement de commencer le chemin de la consécration.

Dans son Discours, prononcé le 28 janvier dernier aux Participants à l’Assemblée plénière de la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, le Saint-Père, après avoir fait observer que le monde des jeunes n’est pas négatif, mais complexe et, pour cette même raison riche et un défi, a affirmé qu’il « ne manque pas de jeunes très généreux, solidaires et engagés au niveau religieux et social ; des jeunes qui cherchent une vraie vie spirituelle ; des jeunes qui ont faim de quelque chose de différent que ce qu’offre le monde. Il y a des jeunes merveilleux, et ils sont nombreux ». Et il a ensuite précisé à grandes lignes la tâche qui incombe à ceux qui sont déjà consacrés et à toute l’Église en général : « Notre engagement ne peut être autre chose que d’être à leurs côtés pour les contaminer de la joie de l’Évangile et de l’appartenance au Christ ».

En gardant à l’esprit le fait que beaucoup de jeunes sont victimes d’une logique mondaine qui les pousse à la recherche du succès à tout prix, comme de l’argent et du plaisir facile, le pape François a en outre indiqué la nécessité d’une modalité de présence dans la société qui pousse à évangéliser la culture dans laquelle nous sommes immergés, « si nous ne voulons pas que les jeunes succombent » (Pape François, Discours aux participants à l’assemblée plénière de la Congrégation pour les Instituts de Vie religieuse et les Sociétés de Vie apostolique, 28 janvier 2017).

Dans son Message adressé aux participants à ce congrès, publié hier, le pape François cite deux fois le Synode sur les jeunes et parles de pastorale des vocations qui acquiert évidemment une signification précise dans le contexte de la vie consacrée. Il affirme qu’il s’agit d’un « véritable itinéraire de foi et de rencontre personnelle avec le Christ », qui commence en famille, se poursuit en paroisse, dans la pastorale des jeunes et qui doit se baser sur la prière et sur l’accompagnement. Il énumère quelques caractéristiques, parmi lesquelles celle qu’il appelle « narrative » où – citant le Document préparatoire du Synode – il se réfère aux modèles d’attraction : le Christ est le modèle. La véritable pastorale est celle de la « contagion », du « viens et vois ». « Les jeunes sentent la nécessité de figures de référence proches, crédibles, cohérentes et honnêtes » (Pape François, Message du Saint-Père aux participants au Congrès international « Pastorale des vocations et vie consacrée. Horizons et espérances », Rome, 1-3 décembre 2017).

2) Les initiatives adoptées pour écouter les jeunes

Dans la Lettre aux jeunes, après les avoir encouragés à écouter l’Esprit qui suggère des choix audacieux, le pape François leur dit de ne pas tarder quand la conscience demande « de risquer pour suivre le Maître » et il ajoute que « l’Église aussi désire se mettre à l’écoute de [leur] voix », de leur foi, des doutes, et même des critiques, de leurs désirs, de leurs critiques.

Pour favoriser cette écoute, le Secrétariat général du Synode a encouragé cinq initiatives spécifiques.

1) La rencontre des responsables de la pastorale des jeunes de toutes les Conférences épiscopales du monde, organisée en collaboration avec le Conseil pontifical pour les Laïcs, la Famille et la Vie, qui s’est tenue en mars dernier.

2) La création d’un site web (adresse : youth.synod2018.va) et la présence sur certains réseaux sociaux (nom d’accès : synod2018). Les jeunes peuvent ainsi recevoir des informations sur l’évolution du processus synodal et accéder à des contenus concernant le thème sous une modalité qui leur correspond. En date du 30 novembre, nous avons enregistré 388.756 visites sur le site web.

3) Le questionnaire en ligne, auquel on peut accéder à partir du site et des réseaux sociaux. Il s’agit d’un questionnaire différent parce que directement adressé aux jeunes et, par conséquent, dans leur langage. Le but est de pouvoir connaître leurs situations de vie concrètes, leur opinion sur les thèmes importants concernant l’Église et la société. Le questionnaire restera en ligne jusqu’au 31 décembre prochain. Au 30 novembre, nous avons 98.837 réponses complètes au questionnaire, provenant de jeunes du monde entier.

4) Le Séminaire international sur la condition des jeunes dans le monde, qui s’est tenu en septembre dernier. Y ont participé plus de cinquante experts et une vingtaine de jeunes, provenant les uns et les autres des cinq continents. Les thèmes abordés ont concerné les jeunes en lien avec leur recherche d’identité, leur rapport aux autres, au monde des études, du travail, de la politique, du bénévolat, de la technologie et de la religion.

5) La Réunion pré-synodale, qui se tiendra en mars prochain (du 19 au 24) à Rome. Seront invités des jeunes représentant les Conférences épiscopales, les Églises orientales, la vie consacrée et ceux qui se préparent au sacerdoce, les associations et les mouvements ecclésiaux, les autres Églises et communautés chrétiennes et les autres religions, le monde de l’école, de l’université et de la culture, du travail, du sport, des arts, du bénévolat et du monde des jeunes qui se retrouve dans les extrêmes périphéries existentielles, ainsi que des experts, des éducateurs et des formateurs engagés dans l’aide aux jeunes pour le discernement de leurs choix de vie. Le fruit des travaux de cette réunion sera offert aux Pères synodaux, avec d’autre documentation dont nous avons parlé, pour favoriser leur réflexion et leur approfondissement.

3) L’écoute des jeunes

J’ai parlé de la modalité et des initiatives d’écoute des jeunes. Maintenant, ce sont les jeunes qui devraient parler. C’est une étape importante, indispensable, du chemin synodal. La contribution des jeunes est essentielle, afin que les conclusions auxquelles parviendra l’Assemblée générale trouvent une réelle correspondance dans la réalité de l’Église et de la société. Sinon on risque de créer un beau château en l’air, mais qui reste inhabité, parce que les jeunes ne se reconnaissent pas dans sa structure et dans son aménagement.

En date d’aujourd’hui, nous sommes en mesure de fournir des données génériques sur ce que les jeunes nous fournissent, parce que le travail de lecture de leurs contributions a à peine commencé. Mais nous recevons des nouvelles de nombreuses initiatives qui se réalisent dans les diocèses, dans les mouvements, dans les diverses institutions de formation, associations, et je voudrais dire aussi dans le domaine extra-ecclésial.

Puisqu’à la fin du questionnaire, il y a un espace libre pour s’exprimer en dehors des questions, avec l’indication du contact e-mail, 3.000 jeunes ont envoyé leur contribution extérieure. Très intéressant !

Parmi les mails, j’en ai choisi deux : une d’une fille italienne (Valeria) et l’autre d’un garçon brésilien (Hudson) qui ont communiqué leur expérience après avoir compilé le questionnaire en ligne ajoutant qu’il s’agit du résultat du dialogue avec d’autres jeunes, qui sont ou non leurs amis, à travers le web.

A) La condition des jeunes d’aujourd’hui

Valérie souligne : « Ils manquent de références. Les jeunes ont beaucoup de ressources en eux, mais personne ne les stimule. Les enseignants à l’école ne font autre que les démoraliser (…) L’alcool et la drogue sont les remèdes à la moindre déception amoureuse ou à quelque chose qui s’est mal passé. Ils n’acceptent pas les soucis, les souffrances et les fatigues. On veut tout tout de suite (…). On veut atteindre le bonheur total dans cette vie sans devoir attendre l’éternité, en recourant au sexe de manière effrénée. Nous nous retrouvons à vivre dans une société de liens liquides ».

Et Hudson souligne : « Les jeunes ne sont pas tous les mêmes. Ils n’ont pas le même âge (il y a des « jeunes adolescents », des « jeunes jeunes » et des « jeunes adultes »), ils ne vivent pas la même réalité (économique, politique, idéologique ou sociale), ils ne partagent pas les mêmes préférences (…). Certainement, beaucoup de nous, les jeunes, nous sommes vus comme immatures et comme des personnes qui s’opposent à l’autorité de leurs responsables (…). Il faut bien garder à l’esprit que les jeunes se forment dans des générations toujours plus pluralistes et dans des contextes différents les uns des autres et différents de ceux qui les ont précédés.

B) Vocations – vie consacrée – sacerdoce

Valeria se demande ensuite : « Le nombre des vocations a beaucoup diminué par rapport au passé. Pourquoi ? Prenons acte du pourquoi de tout cela ! Même si l’on considère qu’aujourd’hui, par rapport au passé, il y a différents ordres, congrégations et consécrations laïques et privées, ceux qui décident de laisser maison, famille et amis pour suivre le Christ sont indubitablement peu nombreux ! On s’est habitué à la mondanité de la vie, on est devenu esclave de cette vie et maintenant il est difficile de la laisser (…). On n’a pas compris l’importance de la croix et que cette vie nous est donnée pour nous sanctifier. Mais comment le faire comprendre à ces jeunes ? ».

Voilà. La question de Valeria est en réalité celle que nous nous posons tous. Comme répondre. Mais surtout : « Comment faire comprendre la vocation religieuse et sacerdotale aux jeunes ? ».

La même Valérie répond : « Par le dialogue et par l’exemple de vie personnel (…). J’ai du mal à l’admettre mais aujourd’hui, nous nous trouvons devant des catéchistes qui font tout ce qu’ils veulent et même pire. Je ne veux accuser personne, au contraire, nous sommes appelés à défendre notre mère l’Église et à prier pour elle, mais il faut des prêtres et des évêques saints (avec l’odeur des brebis) qui nous poussent à la sequela Christi ».

Et elle poursuit : « À mon avis, il faut 3 « E » :

  1. Empathie, c’est-à-dire dialogue empathique et être physiquement présent aux côtés des jeunes ;
  2. Exemple de vie pour ce qui concerne le mariage (des familles saintes) comme pour la vie religieuse et sacerdotale.
  3. Inventer de nouvelles stratégies de dialogue et un langage adapté aux jeunes ».

Hudson se montre sceptique sur certaines modalités de l’action pastorale : « Il me semble que, pour une bonne partie de nos communautés, le fait de travailler avec les jeunes dans l’Église se résume à offrir des moments de divertissement, de fête et de passe-temps. Il y a certainement AUSSI besoin de cela, mais pas seulement de cela. Il est nécessaire de comprendre que les jeunes ont besoin d’être accueillis dans toutes les activités de l’Église et que leur soit offerte la possibilité de contribuer effectivement aux activités qui se déroulent et, en même temps, qu’ils aient la possibilité de les changer ».

Et il conclut : « C’est seulement en renforçant nos structures de formation, surtout dans ce qui est à la base (nos catéchèses en paroisse) que nous aurons des jeunes plus préparés pour adhérer à l’Évangile ».

Le même Hudson raconte une expérience qui est particulièrement significative pour lui. Il indique ainsi ce qu’il considère important pour que les jeunes adhèrent à l’évangile : « J’ai participé plusieurs fois à un après-midi de spiritualité organisé par une communauté de religieux. Cela a vraiment été fantastique pour moi d’avoir la possibilité de me retrouver avec des jeunes comme moi pour un moment de réflexion, de partage et de désert. Mais surtout je témoigne que le plus important a été la présence des religieux parmi nous, comme des amis qui nous écoutent, nous connaissent et nous conseillent. Notre Église est immense, grâce à Dieu, mais le nombre réduit de pères et de religieux et religieuses ne permet pas une présence effective de la majeure partie de nos pasteurs et responsables. J’ose dire que, bien souvent, ils ressemblent plus à des personnes importantes, comme des politiques ou des personnages connus, et c’est pourquoi il est difficile d’avoir avec eux une proximité comme celle de frères qui se connaissent au quotidien. C’est pourquoi, je considère que l’expérience que j’ai eue est un bel exemple d’accompagnement, aussi parce que cela n’a pas été une expérience isolée, mais elle s’est insérée dans un parcours systématique.

4) Perspectives et attentes

Le parcours synodal est à mi-chemin. Comme nous l’avons déjà indiqué, les initiatives sont nombreuses à tous les niveaux. Les Conférences épiscopales sont à l’œuvre, tout comme les autres institutions ecclésiales (mouvements, associations, séminaires, instituts religieux, etc.) pour nous fournir le matériel nécessaire pour remplir l’Instrumentum laboris à travers les réponses au questionnaire. Nous faisons la même chose au centre, avec les initiatives que nous avons rappelé précédemment.

Sur les orientations ou perspectives, il faut dire qu’il convient de partir du fait que les jeunes vont à l’essentiel et exigent une crédibilité.

Quant à l’essentiel dans la foi, il faut retourner au « kerygme ». Le pape François le dit clairement dans Evangelii gaudium : « Toute la formation chrétienne est avant tout l’approfondissement du kérygme qui se fait chair toujours plus et toujours mieux, qui n’omet jamais d’éclairer l’engagement catéchétique, et qui permet de comprendre convenablement la signification de n’importe quel thème que l’on développe dans la catéchèse. C’est l’annonce qui correspond à la soif d’infini présente dans chaque cœur humain. » (EG 165).

Quant à la vocation, à savoir la pastorale des vocations, il faut recourir à un discernement attentif :

  1. Repérer les modalités qui sont désormais obsolètes et non présentables, parce qu’elles ne sont plus compréhensibles ni acceptables par des jeunes, puisqu’elles ne correspondent pas à leur manière de sentir et de vivre la foi.
  2. Faire émerger les éléments qui, bien qu’ils ne rencontrent pas immédiatement la faveur des jeunes, peuvent être revus et présentés sous une modalité nouvelle, plus engageante, répondant davantage à la capacité de réception des jeunes qui, ne l’oublions pas, sont immergés dans des contextes culturels, sociaux et religieux très diversifiés et qui, dans la majeure partie des cas, ne favorisent pas l’adhésion à Jésus et à sa Parole.
  3. Utiliser les éléments de notre tradition qui vont bien tels qu’ils sont et qui peuvent être reproposés encore aujourd’hui, en en renforçant cependant le caractère incisif et la capacité à « avoir prise » sur les jeunes.
  4. Avoir le courage de s’interroger sérieusement sur les nouvelles modalités de transmission de la foi à promouvoir et sur les initiatives capables de susciter l’enthousiasme des jeunes et leur participation convaincue.

En résumé, il faut que nous nous laissions inspirer par une « fidélité créative ». « Fidélité » au patrimoine que nous avons reçu en héritage et à la vocation à laquelle nous sommes appelés et que nous avons cultivée par notre engagement. Mais une fidélité qui soit « créative », qui sache aller au-delà du « on a toujours fait comme ça », qui soit capable de se remettre en discussion sur ses modalités de présentation de la foi et qui sache reconnaître et faire émerger les nombreux aspects positifs qui existent dans la vie des jeunes avec lesquels nous sommes en contact.

Je retiens que, des témoignages que nous venons d’entendre, et de beaucoup d’autres qui nous parviennent, nous sommes invités à aller encore plus en profondeur à partir de la manière dont nous vivons notre « sequela » du Christ. Il nous est demandé d’adopter un style de vie, et aussi de proximité aux jeunes, qui soit réellement significatif pour eux.

  1. Il ne suffit pas que nous, nous soyons sincèrement convaincus que l’Évangile, et en particulier la personne de Jésus-Christ, est l’unique voie valable pour atteindre la vraie joie ou le bonheur, dans la mesure où elle est l’unique capable de répondre vraiment aux attentes, aux désirs et aux espérances qui sont inscrites dans le cœur de l’homme.
  2. J’ose dire qu’il n’est pas encore suffisant de suivre cette voie de tout notre être, de manière totale et sans hésitations.
  3. Et il n’est pas non plus suffisant de présenter simplement cette voie de manière crédible, je dirais, passivement, pour que les jeunes puissent la comprendre et l’accepter, mais sans rester impliqués, comme s’ils étaient des spectateurs passifs.
  4. Il faut que cette voie du bonheur devienne « attirante », « fascinante ». S’il est vrai que seule la beauté sauvera le monde et donc que seule la beauté est en mesure de donner sens et de sauver la vie de chaque personne, il est nécessaire que les jeunes puissent en venir à se dire : « Il est vraiment beau de vivre ainsi, à savoir de suivre cette voie qui m’est proposée. Et cette beauté est pour moi ». C’est-à-dire non seulement je la reconnais, je l’apprécie, je la considère comme importante, mais moi-même, en premier, je me sens appelé(e) à la vivre. Et cela donne du sens à mon existence sur cette terre, cela m’assure une vie en plénitude, dans l’amour et dans la joie.

Source: zenit.org - © Traduction de Zenit, Hélène Ginabat